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Théâtre de Goll
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3 décembre 2008

Tout le théâtre de Goll

Die Freie Zeitung (Berne) 1. Jg. Nr 39 -25 août 1917 :

Claire Studer, article sur "  Iwan Goll : Ein Lassalle-Drama "

Die Aktion, VII - n° 41-42, 20 Okt.1917

Iwan Goll : Kleines Kino der Menschlichkeit (une scène). Speisewagen Paris-Milan,

Dialoge p.561 à 563

Die Aktion : VII, Nr. 51-52, 29 décembre 1917 Sonderheft Iwan Goll (spécial Iwan Goll ), p.677 à 702 : Hans Richter : Porträt des Iwan Goll, Iwan Goll : Vom Geistigen p.677-678-679, Der pflichtvergessene Geistige p. 679, Die göttliche Orgel, Dithyrambe et Gedicht in Prosa p.680, Hans Richter : Drei Federzeichnungen zu Iwan Golls "  Unterwelt " ; Iwan Goll : Die Prozession Dithyrambe p.683-684, Industrievorstadt p.684-685, Möblierte Zimmer p.686, Der Sonne-Ball et Café p.687, Der Kino-Direktor Dithyrambe p.688-689, Aus der " Alpen-Passion" (deux scènes) p.690-691-692 ; Aus der Drama " Lassalle "  p.692-693 une scène de Ferdinand Lassalle ) ; Aus dem Roman "  Die letzten Tage von Berlin " p.694-695, Kleines Kino der Menschlichkeit : Friedhof. Eine Szene p.696 à 701. Claire Studer : Porträt des Dichters Iwan Goll. Eine Federzeichnung / F.P.: Ich shneide die Zeit aus ; Kleiner Briefkasten ; Die zweite Sonder-Austellung der Aktion / Emil Maetzen : Original Holzschnitt / Jakob Goldbaum : Original Holzschnitt

Berlin-Wilmersdorf : Verlag von Franz Pfemfert.1917

Die Aktion, VIII - n° 11-12, 23 März 1918

Iwan Goll : Vorspiel zum Drama "Lassalle" p.149 à 153

Die Neue Schaubühne I (1919) H.7 -

Iwan Goll : Das Überdrama (Aufsatz) p. 265 / 267, Der Unsterbliche. Aus dem Manuskript "Die Unsterblichen", zwei Überdramen p.268/276

Erwin Piscator : Das Politische Theater : 1919

p.38, Thomas Münzer pièce d'Iwan Goll qui fut jouée à Berlin en 1920

Iwan Goll : Die Unsterblichen (Les Immortels) Zwei Possen (deux farces), zwei überdramen : Der Unsterbliche, Der Ungestorbene. Der dramatische Wille : Band V

Postdam, Gustav Kiepenheuer Verlag, 1920

Deux surdrames: "Celui qui ne meurt pas" (jamais représenté en France) et "Assurance contre le Suicide" écrit en 1918, publié dans "Le Nouvel Orphée" aux Editions de la Sirène en 1923 et représenté au Théâtre Autant-Lara en 1928.

Préface :

Un combat difficile est mené à propos du nouveau drame: le Surdrame.

   Le premier était celui des Grecs, où les dieux se mesuraient avec les hommes. Quelle formidable aventure c'était: l'honneur que le dieu faisait alors à l'homme ! Duel divin que les siècles futurs ne verront plus.

    Le drame impliquait une énorme augmentation de la réalité, une plongée profonde, obscure , dans la passion sans bornes, dans la douleur dévorante, le tout dans des couleurs surréelles.

Plus tard, le drame vint de l'homme  à cause de l'homme : démêlés avec lui-même, psychologie, problématique, raison. Il ne s'agit plus que d'une réalité, d'un domaine, et , de ce fait toutes les dimensions sont limitées. Tout tourne autour d'un homme et non plus autour de l'Homme. La vie collective a du mal à s'y exprimer : aucune scène de foule n'atteint la force du choeur antique. Et l'on s'aperçoit à quel point cette lacune est visible dans les pièces du siècle dernier qui s'essoufflent et qui n'ont aucun autre but que d'exister . C'est intéressant, ou verbiage d'avocat, ou provocateur, simple imitation de la vie , sans rien  de créateur .

  Le dramaturge moderne sent qu'il est sur le point de livrer un combat final et affronter en tant qu'homme tout ce qui,  en lui, comme autour de lui, est chose ou animal .…

On montrera l'homme et les choses aussi nus que possible, et pour obtenir un meilleur effet, toujours à travers un verre grossissant.

  On a complètement oublié que la scène n'est rien d'autre qu'un verre grossissant. .…

On a complètement oublié que le premier symbole du théâtre était le masque. Celui-ci est rigide, unique et impressionnant. Il est inaltérable, irrévocable, on ne peut lui échapper, il est le Destin.

  Tout homme porte son masque, que les anciens nommaient sa Responsabilité. .…

Il y a dans le masque une loi, qui est celle du drame lui-même. C'est que l'irréel devient un fait. On vous prouve un court instant que la chose la plus banale peut être irréelle et " divine", et que là précisément réside la plus grande vérité. La vérité n'est pas enfermée dans les bornes de la raison. C'est la vie, et non la "pensée". Et l'on vous montre ensuite que tout phénomène, le plus bouleversant comme le plus petit battement inconscient des cils, est d'une importance capitale pour tout ce qui vit ici-bas.

  La scène ne doit pas se borner à reproduire la vie réelle, et elle devient surréelle lorsqu'elle montre à tous ce qui se cache derrière les choses. Le réalisme pur fut la grande aberration de toutes les littératures.

    L'art n'est pas là pour la commodité des gros bourgeois, qui secouent la tête , disant : « Oui, oui, c'est comme ça. A présent, allons au buffet nous rafraîchir ! » L'art, dans la mesure où il veut éduquer, améliorer, être efficace d'une façon quelconque, doit supprimer l'homme de tous les jours, l'effrayer comme le masque effraie l'enfant et Euripide les Athéniens qui sortaient du théâtre en titubant. L'art doit refaire de l'homme un enfant. Le moyen le plus simple pour y arriver, c'est le « grotesque », dans la mesure où il n'incite pas à rire. La monotonie de et la bêtise des hommes sont si énormes qu'on ne peut y remédier qu'avec des énormités. Que le drame nouveau soit donc énorme.

     C'est pourquoi le nouveau drame aura recours à tous les moyens techniques qui remplacent aujourd'hui le masque , par exemple le phonographe, qui déguise la voix, la réclame lumineuse ou le haut-parleur. Les interprètes devront porter des masques démesurés, où leur caractère sera aussitôt reconnaissable d'une façon grossièrement extérieure : une oreille trop grande, des yeux blancs, une jambe de bois. A ces exagérations physiognomoniques, que nous ne considérons pas comme des exagérations, correspondront les exagérations internes de l'action : les situations pourront être montrées à l'envers et, afin de les rendre plus impressionnantes, on pourra même remplacer une expression par son contraire. L'effet sera exactement le même que lorsque l'on fixe longtemps un échiquier et que l'on commence à voir blancs les carrés noirs , noirs les carrés blancs ; les conceptions se chevauchent là où l'on touche aux frontières de la vérité.

  Nous voulons un Théâtre. Nous voulons la vérité la plus surréelle. Nous sommes en quête du surdrame.             Yvan Goll 1920 ( écrit en 1919 )

La Revue de l'époque II - n° 4 : 5 janvier 1920

Les lettres et l'art à l'étranger : Le théâtre allemand moderne, Ivan Goll p.198

"En 1915, Max Rheinardt, le directeur du "Deutshes Theater", découvrit un poète, mort très jeune depuis très longtemps: Georg Büchner. Personne ne connaissait cet auteur. S'il y avait un certain courage à faire ressusciter un mort méconnu, il en fallait encore davantage pour jouer un chef-d'oeuvre intitulé: La Mort de Danton, qui glorifiait un héros de la France et de la Révolution.

Dès ce jour, la jeunesse allemande comprit qu'on avait besoin d'elle. On voulait du nouveau. Assez de réalisme à la Hauptmann, assez de nécromantisme à la Hoffmannsthal, assez de toutes les inepties de Bernstein importées : on comprit qu'une nouvelle ère allait s'ouvrir.
    Les directeurs de théâtre s'empressèrent d'abord d'appeler Frank Wedekind, qui, à l'âge de cinquante ans, se voyait encore contraint à jouer lui-même ses pièces avec sa femme Tilla, dans des salles intimes. On connaissait "Le Réveil du Printemps ", mais l'on n'avait pas encore osé inscrire sur les affiches le nom de "Loulou", la "Fauste" moderne, fardée, hystérique, mais vraie et franche.

   Wedekind : c'est la vie aiguë, impertinente, sans détours — où le poète s'efforce de donner l'essence, la liqueur des actions. Il y a dans toutes ses pièces une volonté éducatrice, quand il dévoile sans pudeur les gestes plats et vils habituels, que nous faisons tous, mais dont nous ne concevons la triste portée qu'au miroir du théâtre … Wedekind, mort il y a un an, acquiert aujourd'hui une célébrité tardive, mais méritée. On n'a pas encore assez mesuré le rôle qu'il joue dans l'histoire du drame.

    Carl Sternheim, après lui, poursuit un but identique, sans toutefois atteindre à des réalisations aussi suggestives. Son but, c'est de ridiculiser le bourgeois. Tâche difficile après Molière. Il a bien réussi à démasquer certains traits comiques et attristants du pantin de tous les jours: mais il manque à Sternheim un grain de sel seulement pour atteindre à la perfection. Son ironie est rêche. Sa trame trop grossière. Sternheim gaulois serait peut-être une révélation. Depuis la guerre il a pris une attitude nettement révolutionnaire. Mais ses deux pièces de cette époque :  "1913 " et "Tabula rasa", aussi fortes soit-elles dans l'expression, n'approfondissent pas le sujet jusqu'à sa dernière source. Elles n'éclatent pas du feu intérieur. Elles ne font pas trépigner les foules. Et c'est cela qu'elles veulent pour croire en leur propre liberté …

    Un instant, Walter Hasenclever parut être le poète élu. Très jeune, il fit représenter "Le Fils", où deux générations sont placées l'une en face de l'autre, et où celle des Fils, bien naturellement obtient gain de cause: l'enfant banni tue son père, qui n'a pas su et ne saura jamais le comprendre. Les amis de Hasenclever ont pris cette pièce pour point de départ du théâtre moderne. Cependant, son auteur ne se tient que difficilement à la tête du mouvement. Malgré sa volonté évidente d'échafauder l'oeuvre qui brise tout, il n'a fait, dans son dernier drame, " Antigone ", qu'un faible geste vers l'avenir. On espère encore en lui ; certains désespèrent.

    Reste un pilier solide de la scène moderne: Georg Kaiser. Connu depuis très peu de temps seulement, il bombarde son public, tous les ans, avec deux ou trois pièces au moins. Mais il n'est plus jeune, il a dépassé la quarantaine, et il semble puiser dans les trésors accumulés depuis longtemps. Il fascine car il a toutes les qualités de l'écrivain d'une ère révolutionnaire (sauf le coeur! ). Son style est bref, incisif ; de courtes phrases souvent inachevées. Des exclamations stridentes. Des foules. Des confessions ardentes. L'action se rue comme un torrent vers les profondeurs de la vie. Ses personnages sont haletants, ivres d'action, éperdument avides de liberté. Et c'est ce que Berlin réclame. Il faut retenir ce nom de Kaiser, qui, pour l'Allemagne artistique moderne, remplacerait bien l'autre Guillaume, symbole néfaste de la Prusse terrassée.                    Ivan Goll

                           

Iwan Goll : Die Chapliniade, eine Kinodichtung mit vier Zeichnungen von Fernand Léger. 42 p. avec 4 pages entièrement illustrées Farbig ill. Originalbroschur .Erste Ausgabe ; Titelzeichnung von Hans Blanke . Gr. 8°, - 23 cm.

Dresden : Rudolf Kämmerer Verlag, 1920

Iwan Goll : Seele über Bord ( Ame par-dessus Bord ), pièce en allemand jouée au Théâtre d'Etat de Cassel, Novy Orfeus, traduction tchèque de Zdenek V. Kalist.

Editions Nakladatelstvi A. Srdce V, Prague 1921

Ivan Goll : Congo - Caoutchouc, écrit en 1921, (pièce française, volée avec tous nos biens par les allemands ), note manuscrite de Claire Goll  sur un exemplaire de Poètes d'Aujourd'hui n° 50 ,  Yvan Goll , Pierre Seghers Editeur - Paris 1956 (222 p. ), page 212

L'Esprit Nouveau (mensuel) n° 7 - avril 1921, Directeur Paul Dermée. Ivan Goll : Le mouvement théâtral en Allemagne : Le drame moderne p.742 à 747

Editions de L'Esprit Nouveau, Paris. 

(quelques extraits de cet article seront reproduits dans: Obliques nº6-7  (p.129) Paris, 1976: l'Expressionnisme Allemand : "La scène allemande devance le théâtre français d'au moins 15 ans à tous les points de vue.- Technique:

1) La scène tournante du Deutsches Theater et de quelques autres est déjà classique, presque "vieux jeu".... On est presque tenté de dire que ce sont ces poètes qui ont suggéré l'idée d'inventer un moyen qui remplaçât l'éternel changement de coulisses.

2) Les décors sont complètement modernisés. Les plus jeunes peintres expressionnistes, extrémistes sont appelés à fournir les cadres appropriés aux pièces révolutionnaires de leurs contemporains....De sorte que l'Expressionnisme qui correspond au Cubisme français, a déjà droit de cité partout, tandis que le fait que Picasso collabore à un ballet russe, est encore considéré comme un événement

3) L'acteur est intellectuel, très individualiste et un laborieux mineur de nouvelles valeurs également. Le grand acteur allemand est une personnalité d'esprit, et non seulement ce qu'on appelle un "ténor". Il est le plus précieux ami du poète dramatique.

La Revue Rhénane - Rheinische Blätter 2 n° 1-1er Janvier 1922 : Iwan Goll : Einfachheit. An meine Zeitgenossen p.9/10, Simplicité, à mes contemporains

«...le début de la révolution spirituelle date de 1910, et le 9 novembre n'a été que le sismographe des âmes...... .Ainsi cette jeunesse n'est pas passée par une évolution. Tout un chacun trouvait, dés son premier livre le ton juste : Trova ! Et dans le deuxième, le quatrième volume, cela s'appela : Expressionnisme. On ne peut plus séparer celui-ci de la Révolution. Et il reçut, en même temps que la Social-démocratie, à un moment déterminé, l'approbation et la bénédiction bourgeoises. Du coup, il est probablement mort, car, que signifie la révolte sans une réaction, une attaque, sans un ennemi ? Vous, les expressionnistes acceptés par tous les théâtres municipaux et par tous les éditeurs, magnifiquement loués dans la presse et bien vendus : votre succès, c'est votre défaite. Votre arme rouge, soudain, ne frappe plus que de l'air bleu. Le commerce marchera pendant quelques années encore (il ne fait que commencer), mais la Poésie n'en profitera plus, et c'est pourtant ce qui importerait ! …

Du quotidien le plus ténébreux, du plus douloureux combat contre toute la saleté terrestre, est montée, purifiée, la grande connaissance de l'amour humain tout-puissant … Que ces Hommes véritables se rassemblent maintenant, qu'ils agissent, qu'ils soient.

"Etre", c'est le plus important …

…Si le véritable expressionnisme a été la Révolution de l'époque, et si l'on peut mettre à égalité les résultats de l'un et de l'autre, alors nous nous trouvons en face d'un terrible fiasco. Car on n'a rien atteint. Le bourgeois, l'éternel bourgeois, vit naturellement, plus gras que jamais …Mais l'essentiel est-il arrivé ? L 'Homme est-il devenu plus libre d'un côté, meilleur de l'autre? Au contraire …

Assez de politique. Nous avons tous "embrassé les millions". Pendant dix ans nous n'avons plus parlé des forêts mais de l'humanité …

Après ce vacarme de grosses-caisses, de trompettes et de gongs, après cette tempête cosmique et cette volonté surhumaine de l'expressionnisme, nous devons faire le silence total. Le silence pour pouvoir écouter le battement de notre cœur, savoir s'il est encore là et s'il n'a pas éclaté à force d'un incommensurable amour pour l'humanité. Faire le silence. Devenir solitaires. Simples, simples …

Chaque être humain est lui même fautif de son destin. C'est dans le seul individu que se cachent toutes les valeurs . Dans chaque existence. Et chacun doit fleurir sur sa propre racine …L 'Homme est une partie du monde, comme la fleur et l'étoile. Tout est un, et l’un est aussi précieux que le Tout.

C'est ainsi que chacun doit maintenant se réconcilier avec lui-même. Devenons silencieux, solitaires, simples. A présent commence, pour nous qui étions inachevés, l'évolution. Recommencer du début. Jusqu'ici, nous n'étions, tous ensemble, qu'une génération: à présent, nous devons devenir des personnalités. »

Il n'y a plus de drame . Destin ? Conflits ? Aujourd'hui, cela n'existe pas. Tous les efforts des hommes se tendent vers la pomme de terre ou la villa. Le commis-voyageur est parfaitement émancipé. Celui qui est cultivé, naturellement. Dieu n'est plus un sujet de conversation. Pour quoi donc doit-on se battre ?

Patrie : est supprimée. Père, épouse, fiancée, famille : pas un conflit qui ne nous fasse hausser les épaules. Aimez-vous, enfants, mais ne devenez surtout pas sentimentaux.

Le "fils" n'est qu'une histoire de (pénis), comme tout l'expressionnisme, ou ce qui se nomme ainsi.

Qui serait ému par un enfant illégitime ? Ou par un avortement ? Il y a tellement de policliniques …  Quel acte passionnel ? La jalousie, ridicule. La haine ? Impossible, depuis que " l'homme est bon ". Ah ! Le drame révolutionnaire ? cela n'existe pas. La seule révolution qui puisse compter, de nos jours, est économique, ce n'est pas celle du courage et du cœur. Le petit mot "rouge" est même déjà devenu de mauvais goût. Des ouvriers dans une rue devant des mitrailleuses ? non-sens complet. Lénine était un joueur de poker diplomatique. En quoi peut-il intéresser le dramaturge qui a besoin d'un héros. Toller [1] est grand en prison, mais ennuyeux sur la scène, comme un journal.

Il ne peut pas y avoir de drame aujourd'hui !

Pour cela, les hommes sont tombés bien trop bas, devenus trop immoraux,  trop veules, trop irresponsables, trop vite prêts au compromis. Et le compromis est le cyanure de potasse du drame. L'époque est trop mercantile.

Il ne sert même à rien de maudire et de s'irriter!

Que reste-t-il ? A ridiculiser l'époque. L'ironie, salée, dure, méchante.

La cravache. L'implacabilité. Le scalpel jusqu'aux os. Les culottes arrachées. La honte exposée et raillée ouvertement. La vengeance saine des enfants qui jettent des pierres. A bas le bourgeois. Mettez son parapluie en pièces ! Cela, par Dieu, n'est pas dramatique. Mais on en rit soi-même à mort, et la mort est la dernière chatouille qui puisse encore venir un peu à bout de notre ennui.

S.D.d.V.

La Vie des Lettres et des Arts n° XV (sans date ) 108 pages

L'ETAT PRESENT DES LETTRES ET DES ARTS

Peinture : André Lothe, Léonce Rosenberg, Albert Gleizes, A. P. Gallien

Sculpture : Waldemar Georges

Poésie : Fernand Divoire, Pierre Bourgeois, Nicolas Beauduin

Théâtre : Drieu La Rochelle, Fernand Léger, William Speth, André Harlaire : Du Théâtre joué au théâtre parlé:  "Et dans la farce,  Cromlynck,  Le Cocu Magnifique,  Jean Cocteau:  Les Mariés de la Tour Eiffel,  Henri Strenz:  Le Théâtre de Hans Pipp,  P. Albert-Birot:  L'Homme coupé en morceaux,  Ivan Goll:  La Chaplinade,  Mathusalem,  Assurance contre le Suicide,  Adolphe Orna,  etc... "(p.63 )

"La Chaplinade d'Ivan Goll pour être représentée demanderait à coup sûr l'étroite collaboration du cinéma ... les oeuvres d'Ivan Goll suivant l'humeur du lecteur pourraient être baptisées poésie aussi bien que théâtre . p.69

Ivan Goll : Les théâtres d'avant-garde p.71/72/73

Musique : Henri Sauguet

Roman : Philippe Soupault : L'état du roman

Critique : Gabriel Brunet : Le malaise de la Critique

Philosophie : Jean Charles

L'Oeuvre janvier 1923. Revue mensuelle des Arts du Théâtre . Saison 1922-1923. Rédacteur en Chef : Lugné-Poe.

Ivan Goll : Quelques mots sur Georges Kaiser p.3-4

La Maison de l'Oeuvre, Paris

Georg Kaiser : Feu à l'Opéra, traduction d'Ivan Goll, jouée au Théâtre de l'Oeuvre en février 1924

"Der Brand im Operhaus" fut créé en 1919 au Kammerspiele de Hambourg et au Théâtre Municipal de Nuremberg ; la version française d’Ivan Goll est sans doute disparue car le 16 mai 1953 la pièce fut redonnée au Théâtre Babylone dans une traduction attribuée à Claire Goll et dans une adaptation théâtrale de Boris Vian.

En 1919,  dans les préfaces de ma pièce « Mathusalem »,  j'écrivais :

« Le poète surréaliste évoquera le royaume lointain de la vérité,  en collant son oreille au mur de la terre. Soyons alogiques :  c'est la meilleure arme contre les phrases,  qui étouffent la vie. Les hommes parlent,  la plupart du temps,  pour remuer leur langue,  non leur esprit . A quoi bon tant parler,  tout prendre au sérieux ?  L'alogisme dramatique rendra ridicules les formules de tous les jours,  toute la logique mathématique et la dialectique dont se compose la vie,  etc.… etc.…) ».

Le Journal Littéraire n°14 - 26 juillet 1924 :

Ivan Goll : Portraits : Georges Grosz p.13

« …C'est sans doute le dessinateur le plus acerbe et ironique de ce temps . Il lutte contre la banalité, la médiocrité et la brutalité de ses compatriotes . Il dévoile les instincts les plus sordides, il met à nu les chairs de ses contemporains, sans circonstances atténuantes. Il collectionne les rictus hébétés, les silhouettes équivoques que l'on rencontre dans les rues et les bars de Berlin. Il montre les officiers et les magnats, au profil émacié, ou à la figure de porc, montés sur un piédestal de cadavres, vidant une flûte de champagne ( de Reims ) à la santé du Kaiser .

Ainsi Grosz décrit le Sabbat berlinois quand le dollar valait un billion de marks. La "Danse de la Mort" de Dürer est moins lugubre que "La Danse de Vie" de cet artiste courroucé.

Grosz accuse. Il n'a plus le cœur à rire. Il effraie aussi, plus qu'il n'amuse, par ses caricatures. »

MA - X - 8/9 -15 septembre 1924 - AKTIVISTA FOLYOIRAT

Numéro spécial : Musique et Théâtre (sans pagination )

Szerkesztik : Kassak Lajos

Deux reproductions de marionnettes de G. Teitscher pour Methuselem de Goll

Un décor pour le Poème cinématographique "La Chaplinade" de Goll par G. Caden

Wien 1924

Iwan Goll : Methuselem oder der ewige Bürger (Mathusalem ou l'éternel Bourgeois) Création au Dramatische Theater de Berlin le 13 Octobre 1924, mise en scène de Friedrich Neubauer, décors de George Grosz.

Iwan Goll : Der Stall des Augias (Les écuries d'Augias) Tragédie

Berlin, Verlag Die Schmiede, 1924 ( 75 pages )

Tragédie en cinq actes. Création au Petit Théâtre de Kassel le 27.2.1926

Une traduction française de cette pièce peut être consultée à la Bibliothèque de Saint-Dié-des-Vosges

Iwan Goll : Germaine Berton, die rote Jungfrau [2] Couverture de Georg Salter, autoportrait et lettre fac-similé de Germaine Berton (20-7-22) et 5 dessins de L. Behrings Aussenseiter der Gesellschaft — Die Verbrecher der Gegenwart, Band 5 (1925)

Verlag Die Schmiede, Berlin 1925 (77 S.)

Ivan Goll : Assurance contre le Suicide ; représentée à Paris au Studio Art et Action, 20 et 21 mars 1926

L'Excelsior - 12 mars 1927 - Charles Méré : Théâtre des Mathurins " Mathusalem " ou "l'Eternel bourgeois" drame - bouffe en 10 Tableaux d'Yvan Goll, musique de M. Maxime Jacob

"... si extravagante qu'elle soit, la fantaisie de M. Yvan Goll est imprévue, abracadabrante et pour le spectateur définitivement blasé,  ce spectacle est un régal, car il ne ressemble à rien. Vais-je vous raconter la pièce? elle est inénarrable dans toute l'acception du terme. Les décors, les costumes, la mise en scène procèdent du même esprit, directement influencé par l'art Dada. C'est drôle, systématiquement excentrique...Ça repose! MM. Harry James, Jean Painlevé, Maurice Lagrenée, Mmes Ducouret, Avril jouent imperturbablement cette étonnante pochade. "

(L'auteur de cet article, Charles Méré qui persiste à écrire Yvan Goll,  avait assisté à une répétition en avant-première au Théâtre des Mathurins où, comme au Théâtre Michel, les trois coups étaient remplacés par une annonce de course - Plus que 3 secondes - plus que 2 secondes - plus qu'une seconde - partez! )

Comoedia - 12 mars 1927

Max Frantel : " Le Loup blanc a donné son premier spectacle "

Au Théâtre Michel

Le Loup blanc a donné son premier spectacle :

Mathusalem de M. Ivan Goll, que nous a montré pour son premier spectacle le groupe d'avant-garde Le Loup blanc, contient du meilleur et du pire. Mais c'est une œuvre qui certes n'est pas indifférente. En l'écoutant, on pense à Têtes de rechange. L'on m'a dit que Mathusalem avait été écrite avant la pièce de M. Pellerin . Je n'en sais rien. Mais Mathusalem est encore dans les cornues du laboratoire, tandis que pour Têtes de rechange la distillation est terminée .

Quelle histoire nous conte-t'on en ces tableaux symboliques, par la bouche de ces personnages au visage couvert d'un masque ? L'éternelle opposition du réel et de l'idéal . Mathusalem le bourgeois, propriétaire d'une firme de chaussures qui a des succursales dans les cinq parties du monde . Il ne songe qu'à ses affaires et à ses plaisirs : la table et une maîtresse . Il craint sans cesse l'écroulement de sa fortune et toutes les voix des révoltés du monde lui arrivent effrayantes . Mais son optimisme a le dessus et dans son rêve il voit un acteur qui répète Hamlet et qui tient le crâne de Yorick entre ses mains . Lui trouve cela fade et sans nul attrait ; il ôte le crâne d'entre les mains d'Hamlet et met à la place une chaussure . Hamlet n'a plus qu'à recommencer sa méditation : To be or not to be !

Tout cela, quoique biscornu est excellent . C'est le premier tableau, dont je n'aime pas le décor aux lignes trop nettes, aux couleurs trop heurtées . Et cependant l'on a tenté je crois de représenter par une sorte de chemin en spirale tout le flou de l'esprit créateur quand il conçoit une œuvre . Alors ? Il fallait estomper !

Le deuxième tableau est, lui, beaucoup plus harmonieux. Le texte en est très heureux et le décor . Trois personnages qui représentent les diverses aspirations d'un même être : Toi, Moi, Lui, courtisent la même femme, l'un avec sincérité, les autres avec moquerie . Le décor avec la Tour Eiffel sur un fond noir est très évocateur. Il y a là-dedans une fantaisie très savoureuse. J'aime moins le reste de la pièce qui semble se précipiter ; et cela nuit aux proportions de l'ensemble . Mathusalem voudrait marier sa fille Ida à un bourgeois cossu. Mais Ida a un amant. Félix, le fils de Mathusalem, venge l'honneur de la famille en tuant le séducteur, un étudiant russe . Mais comme nous sommes dans la fantaisie, les gens qu'on tuent ici se portent assez bien. Et l'étudiant ressuscité, qui est un peu bolcheviste, tue le Bourgeois Mathusalem. Mathusalem ressuscité aussi est au dernier rideau. Sa fille est mariée à l'étudiant : elle a un poupon ; et elle semble, elle qui était poésie, illusion, rêve, fort embourgeoisée. Le mariage tue l'amour ! Seul, l'étudiant pleure l'idéal d'égalité et de justice universelles perdu.

Une agréable musique de M. Maxime Jacob, une musique qui n'est point trop révoltée, peut-être pas assez, accompagne le texte. La mise en scène adroite et subtile est de M. A. Sti, la décoration est de Medgyès; je l'ai dit, je n'aime pas son premier décor, mais j'aime beaucoup le second. Parmi les acteurs, il y a M. Maurice Lagrenée qui dit admirablement son texte et sait par d'intelligentes nuances le faire valoir; dans le rôle d'Ida Mlle Gine Avril est le printemps et la grâce même. M. Harry James compose pittoresquement Mathusalem. M. Pierre Noyelle est Lui; il dit peu de chose, mais cela est assez pour que nous goûtions son talent qui est grand. M. Jean Painlevé , le fils de notre ministre de la Guerre, jouait le rôle de Félix, le fils de Mathusalem . Félix ! Il l'a été dans son interprétation ! (Félix , je le dis pour ceux qui ne savent que la langue du jazz-band, signifie heureux ! ). Les autres acteurs : Mmes Clary-Monthal, Lily Janlys, Jacqueline Delubac, Monique Stani ; MM. Henri Marchand et Daniel Durret . L'orchestre était dirigé par M. Robert Chabé qui fit exécuter la partie symphonique à ses musiciens excellemment, avec beaucoup de délicatesse et de finesse. Dans l'orchestre : MM. Morel, Blachet, Rible, Adriano, Rumeau et Maxime Jacob. Le cinéma participe aussi à l'action : il nous montre Le rêve de Mathusalem . Ce court film était incontestablement très amusant et mériterait une analyse détaillée. Les deux autres bouts de film, L'Enterrement et Le Mariage , pour plaisants qu'ils fussent m'ont apparu un peu comme les hors-d'œuvre. Mais n'étions-nous pas au royaume de la fantaisie surréelle ? » Max Frantel .

Ivan Goll - lettre du 12 mars à Jean Painlevé

Cher ami,    

Ainsi, après que vous ayez préparé Mathusalem, ma chère oeuvre, avec tant d’amour et de dévouement - le sort a voulu que je fusse exclu du dernier effort et du suprême élan! Oh, comme je regrette! Mais n’y a-t-il pas beaucoup de votre faute? Pourquoi ne rien m’avoir écrit, m’avoir laissé sans le moindre détail sur votre travail et tout ce qui se préparait. Un petit télégramme de votre part et j’étais dans le train de Paris! Mais votre silence ne pouvait que me faire prévoir que vos répétitions suivaient toujours le même train que depuis le 15 novembre. Seule une lettre charitable de Gine Avril m'a ouvert les yeux, arrivée le soir même de mercredi: jour de la Générale! Faut-il vous décrire mon effarement et mon chagrin?

Ici tout avait si bien marché! Triomphe à l’Opéra d 'Etat, ci-devant impérial, où mon  "Royal Palace" a ébranlé comme une bombe les poutres ancestrales. Un opéra de jazz, avec film, décors cubistes, et une musique effrénée, atonale, toute moderne : un parquet d’élite, le Tout Berlin grossi de curieux accourus de toute l’Allemagne, critiques de Prague et de Francfort. Et ils n’en sont pas encore revenus ? !

Et maintenant: Mathusalem sans moi. Toutes mes joies s’effondrent!

Ecrivez-moi, téléphonez-moi    

votre inconsolable       Ivan

Le Journal - 16 mars 1927

en 1ère page une photo légendée: M. Jean Painlevé qui a joué hier au Théâtre Michel (on le voit dans le costume dessiné par L. Medgyés pour le rôle de Félix, le fils de Mathusalem). En page 2, un article de Géo London: Les débuts au Théâtre de M. Jean Painlevé.

Carte d'Ivan Goll du 30 mars à Jean Painlevé, Ministère de la Guerre, Paris

"Mon cher Jean, je lis à l’instant dans le Figaro que vous allez reprendre "Mathusalem" en soirée dans de nouveaux décors. Bravo bravo bravo! mais j’espère que vous m’enverrez une petite invitation cette fois

Bien amicalement votre Ivan Goll

Die literarische Welt 3 n° 11 - 20 mars 1927: Dolbin B.F. " Der neue Orpheus " und " Royal Palace " von Kurt Weill et Iwan Goll. Zur Uraufführung an der Berliner Staatsoper p.7

Mitropa : Paris brennt / Eine ekstatische Szene mit Jazz. Vers d'Iwan Goll,

Adaptation scénique de Reinhard Braun, Musique de Franz S. Boinnier, Danses de Darja Collin. Régie et mise en scène de Gérard Rutten et Bruno Fritz. Au Central Theater d'Amsterdam, le 17 mars 1928 (Affiche du spectacle du Cabaret des artistes de Berlin)

                            Théâtre Objectif

Le surréalisme, en poésie, pose un problème qui est peut-être insoluble : transformer le monde concret, au moyen du verbe, en un royaume suprasensible . Pour réaliser un tel miracle, il faut des instruments tout à fait sensibles. Et cela sur une scène.

         Le premier drame "nouvellement objectif" , ce fut, je crois, mon "MATHUSALEM". Personne ne l'a jamais remarqué. Car, le metteur en scène lui-même, en ce temps-là, n'en a rien vu. Dans cette pièce, les personnages sont aussi objectivement posés que des statues dans une galerie. Chacun d'eux vit exclusivement sa propre vie. L'égoïsme, l'instinct naturel de la conservation, tissent autour de chacun une atmosphère personnelle si dense que tout contact avec ses semblables devient difficile. Et il en est ainsi dans la réalité : chaque personnage d'une famille est emmailloté dans une couche épaisse de sa vie propre.

Chacun monopolise toujours, - même s'il dialogue avec les autres. Aussi avais-je volontairement renoncé à tout dialogue continu. Ç'aurait dû être la tâche de la Mise en Scène, que de faire suinter au dehors l'existence interne de ces malheureux bourgeois, éternellement isolés dans leur égoïsme; il eût fallu traiter ces personnages avec une certaine rigidité, comme des types-standard. (Au lieu de cela, tout fut délayé dans un style d'opérette).

Dans l'ensemble, il existe encore peu d'oeuvres surréalistes. Mais un metteur en scène est là, qui pourra les réaliser : KARLHEINZ MARTIN. Là où la forte réalité se cache, honteuse, derrière les mots, il sait la projeter au dehors et la faire agir. Il n'est pas seulement interprète, exégète de l'œuvre : il est le collaborateur du poète.

Aujourd'hui, en Russie, les dramaturges recommencent à écrire leurs oeuvres sur commande, comme ce fut toujours l'usage dans les temps plus anciens, et après une délibération intime avec les directeurs de théâtre. C'est peut-être la bonne voie, non seulement pour la "nouvelle objectivité", mais pour un bon théâtre objectif en général.

Ivan Goll

Sagesse (Cahier 15-16) printemps - été 1931

Cahiers trimestriels de Littérature et d'Art, Directeur Fernand Marc  .

Textes et poèmes de : Géo Norge, Lorna Réa, Ivan Goll : Mélusine Acte IV - scène 1 avec un dessin inédit de Joaquim, Raoul Gain, René Vaës, Georges Linze.

Les livres par Adrien Copperie, Robert Revel, Jacques-Robert Duron.

Illustrations par Claysen, Picasso, de Chirico, Carla Vica, Marie Laurencin, Van Leckwick, Joaquim, Victor Servranckx, Gilles Pax, Calder, Jaques Maret.

Paris, Les Nourritures Terrestres. in - 4 broché

Ivan Goll : Tcheliouskine (épopée - cantate Tscheljuskin en allemand) 1935 musique du compositeur David

à compléter pages 357 Meiner Seele Töne

Ivan Goll : Marie Bashkirtscheff (pièce écrite en 1935 ; Goll qui avait pensé la faire monter par Bruckner et la faire jouer par Alice Cocéa qui avait le manuscrit, sinon par Marie Bell, Boggaert, Jenny Holt, Madeleine Ozeray ou Ludmilla Pittoeff, apprend qu'une pièce sur le même sujet va se donner à Vienne et dans une lettre à Claire du 12 octobre , il décide qu'il n'écrira plus pour le théâtre « je jette le manche après la cognée.»

Revue du Rhin - 2ème année - n° 10, octobre 1938 :

Ivan Goll : Le Théâtre à Paris

Georg Kaiser : L'incendie à l'Opéra, trad. de Claire Goll, nouvelle version de Boris Vian . Théâtre Babylone, Paris 1953

Iwan Goll : Mélusine, Pièce en 4 actes, dédiée à Claire-Mélusine

Gustav Kiepenheuer Verlag, Berlin 1956

Programme de Mélusine, pièce lyrique en 4 actes de Marcel Mihalovici et d'Yvan Goll, au Hessiches Staatstheater de Wiesbaden avec une caricature de Goll par lui-même et photographie. Textes de Jules Romain et de Claire Goll. Première le 10 mars 1956. Direction Werner Weinheuer, mise en scène Rolf Muller, décor Ruodi Barth, costumes Ursula Inge Amann.

Yvan Goll : Mathusalem - Les Immortels (Théâtre) 18 cm. - 157 p.

L'Arche, Paris 1963

Henri Béhar : Etude sur le Théâtre Dada et Surréaliste : p.64 à 68, Yvan Goll

N.R.F. Gallimard, 1967

Sur la même ligne que Pierre Albert-Birot, Yvan GOLL est parmi les épigones de Jarry et d’Apollinaire. Il apporte en outre au théâtre français une couleur expressionniste. Parfaitement bilingue, aussi à l’aise parmi l’avant-garde berlinoise (à qui fut d’abord présentée sa pièce) qu’à Paris où il avait de nombreux amis, il ne sut malheureusement pas choisir entre l’expressionnisme, l ' "apollinarisme "et les tendances nouvelles, de sorte qu’il se vit successivement écarté par Dada et par le groupe d’André Breton. Il fonda la revue  "Surréalisme" qui s’inspirait directement de la doctrine d'Apollinaire, un mois à peine avant la publication du premier "Manifeste" de Breton. Autant dire qu’elle fut immédiatement éclipsée.

Pourtant “ Mathusalem ou l’éternel bourgeois “, drame satirique écrit en 1919, ne manque pas d’originalité dramatique. Comme Apollinaire avait transposé, faisant du choeur antique le mégaphone, du bâton le pistolet, Goll chercha de nouveaux moyens d’adaptation du théâtre au public contemporain et les trouva dans le surréalisme et l’alogique. Entendons-nous bien, il n’est pas question d’automatisme et d’inconscient comme chez Breton. Pour lui, "le surréalisme est la plus forte négation du réalisme. Il fait apparaître la réalité sous le masque de l’apparence ".La règle du dramaturge surréaliste sera donc de mettre les instincts à nu, au détriment du caractère et de la psychologie. Quant à l’alogique, qui a pour but de tourner en ridicule les conventions, elle s’exprimera par l’humour et servira à montrer les multiples pensées qui traversent l’homme en un seul instant.…(suit une analyse de la pièce) Plus que la fantaisie bouffonne de cette histoire morale, nous intéresse la dramaturgie. L’auteur ne demande pas au spectateur de s’identifier à l’un quelconque de ses personnages, au contraire, il fait tout pour l’en détacher par la caricature, par l’emploi de masques, par l’intervention d’automates dérisoires qui racontent des histoires à pleurer. Devant Mathusalem, il fait surgir son double, qui est la conscience d’Ubu. Quand il dort, on projette ses rêves filmés (érotisme et peur animale). L’étudiant, comme l’amoureux de Larountala, est figuré par trois acteurs qui sont: Moi (l’être bassement réel), Toi (l’être social), Lui (le subconscient obscène). Parfois le dialogue délicieusement absurde préfigure le théâtre d’aujourd’hui:

Mathusalem: Mon fils a fait hier une manille.

Mme Camphre:  Notre fille prend tous les jours le tramway 28.

Mathusalem:  Quand mon fils sort, il n’oublie jamais ses cigarettes.

Mme Camphre: Mais ce sera un couple merveilleux! A quand les fiançailles? (p.61)

Yvan Goll fonda en 1924 un "théâtre surréaliste" où il comptait faire jouer Apollinaire, Albert-Birot, Maïakowski, Stramm, etc.…En fait son projet échoua, mais Mathusalem fut représenté par la compagnie du Loup blanc au Théâtre Michel, à partir du 10 mars 1927…

La presse fut unanimement favorable au spectacle  (1) et parla de dadaïsme et de surréalisme avec sympathie. Toutefois, on ne peut pas dire qu’elle se trompait totalement en employant ces termes, car les espèces de marionnettes livrées en proie au public, la compénétration du film et du théâtre pour transcrire un rêve, l’accent mis sur l’absurdité du langage, sont bien des thèmes et des techniques cultivés par ces deux mouvements. Avec "Les Immortels ", deux surdrames à peine postérieurs …(suit l’analyse des "Les Immortels "). Le premier de ces "surdrames ". Celui-qui-ne-meurt-pas, illustre avec beaucoup de grotesque (c’est une qualité dramatique) l’idée que l’artiste malgré toutes les forces liguées contre lui, ne périt pas dans la mémoire des hommes. La technique théâtrale fait songer aux "Mariés de la Tour Eiffel ", bien que l’oeuvre d’Yvan Goll leur soit antérieure de quatre ans et qu’elle soit restée inédite jusqu’en 1963. De même,  Assurance contre le Suicide, qui pourrait vérifier l’idée que la femme s’attache à celui qui saura toujours l’étonner, est une farce aux multiples interprétations possibles.

Yvan Goll marque une étape notable dans le théâtre que nous étudions, en opérant la jonction entre certaines formes de l’expressionnisme (qui ont influencé dadaïsme et surréalisme au théâtre) et un spectacle qui revêt la plus apparente dérision pour nous communiquer les angoisses d’une jeunesse aux prises avec un univers adulte qui nie ses plus chères valeurs, son idéal d’amour et ses aspirations sociales.

(1) à l’exception de la presse dite de droite (voir extraits de presse de 1927 concernant "Mathusalem ")

Schlocker Georges : Le cas Yvan Goll dans "L'Expressionnisme dans le théâtre européen"

1971 (pages 133 à 139)

Lionel Richard : Encyclopédie de l'Expressionnisme : Peinture et Gravure, Sculpture, Architecture, Littérature, Théâtre, La Scène expressionniste, Cinéma, Musique. Traduit de l'allemand par J.J. Pollet, Lionel Richard, Claude Sebish et Chantal Simonin .

Editions Aimery Somogy, Paris 1978

Jean-Michel Palmier : L'Expressionnisme et les Arts -

1-Portrait d'une génération :

Yvan Goll p. 180 à 194 ( 358 p.)

2-Peinture, Théâtre, Cinéma (352 p.)

Editions Payot, Paris 1979 ( Publication du Centre de Recherche Erwin Piscator / Département d'Etudes des pays anglophones, Université de Paris VIII-Vincennes)

Valentin Jean-Marie : "Das neue Drama sei enorm" !

Surréalité et Grotesque dans le Théâtre d'Ivan Goll, p.82 à 96

Etudes Germaniques 43 - Janv-Mars 1988

Encyclopédie de l'Expressionnisme : Peinture et Gravure, Sculpture, Architecture, Littérature, Théâtre, La Scène expressionniste, Cinéma, Musique

Lionel Richard Traduit de l'allemand par J.J. Pollet, Lionel Richard, Claude Sebish et Chantal Simonin, broché. Nouvelle édition.

Somogy Editions d'art, Paris 1993

Yvan Goll (1891 -1950) Situations de l'écrivain, Etudes réunies par Michel Grunewald et Jean-Marie Valentin.: Maryse Staiber /Adrien Finck : Yvan Goll et la Littérature alsacienne - Charles Fichter : Un esprit allemand a recours aux temps bibliques - Michel Grunewald : Yvan Goll, les Français, les Allemands, les Européens (1918 - 1934) - Albert Ronsin : Yvan Goll et André Breton, des relations difficiles - Liliane Meffre : Yvan Goll et Carl Einstein - Henri Béhar : Regards sur Yvan Goll et les avant-gardes - Remy Colombat : Yvan Goll ou l'expressionnisme contrarié - Philippe Brun : Yvan Goll à la recherche d'une nouvelle théorie poétique .Aimée Bleikasten : Traumkraut ou le secret des mots . Jean-Marie Valentin : Le théâtre de Goll et sa modernité. Jeanne Lorang : Yvan Goll et l'attrait des arts mineurs. Isabelle Bedouelle : Repères bibliographiques. 236 p.

Collection "Contacts", Série II - Gallo-germanica. Volume 12

Peter Lang, Editions scientifiques européennes,

Bern, Berlin, Frankfurt / M., New-York, Paris, Wien, 1994

Geneviève Latour, avec la complicité d'Arlette Albert-Birot:

Les Extravagants du Théâtre de la belle époque à la drôle de guerre

Avant-propos de Jean Tibéri, Maire de Paris . 349 pages

Yvan Goll p.133 à 141, 178, 190, 211, 213

Paris bibliothèques Editions, Paris MM (2000)

Le Monde Mardi 21 mars 2000

Page 34 : Ces extravagants qui voulaient changer le théâtre

" Ivan Goll, je connaissais parce que j'avais lu les poèmes de sa femme, dans ma jeunesse, quand j'étais tuberculose...

. Avez retrouvé des pièces injustement oubliées ?

Oui. Mathusalem, d ' Ivan Goll, est une pièce sublime. Elle commence exactement comme La Cantatrice Chauve de Ionesco. Mathusalem est un marchand de chaussures. On le voit chez lui, avec sa femme. Il lit son journal, elle s'occupe.

Et ils disent des phrases qui ne veulent rien dire. Je ne comprends pas que Jérôme Savary ne remonte pas ça. Ça attaque tout... "

Et maintenant, un dialogue entre une caissière, Véronique, et un journaliste, camembert.

Camembert : je crois que l'hiver va bientôt venir.

Véronique : les fourrures de chinchilla sont à la mode.

Camembert : Et la Rio Tinto, Ma Chère ?

Véronique : Aimez vous les framboises ?

Camembert : Je préfère Rembrandt.

Cela se trouve dans Assurance contre le suicide, d'Yvan Goll (1891-1950) qui prônait l '" alogisme dramatique" pour casser la convention du langage. Il compte parmi les écrivains injustement oubliés, selon Geneviève Latour, qui tient en haut estime sa pièce Mathusalem.

Yvan Goll nous introduit chez les Autant-Lara qui furent les premiers à le jouer. Les parents du cinéaste Claude Autant-Lara ont mené une des expériences des plus austères dans son extravagance .


[1] TOLLER ERNST (1893-1939)

Fils d’un commerçant juif, de la partie de la Pologne annexée alors par la Prusse, Ernst Toller s’engage volontairement lors de la Première Guerre mondiale. Réformé pour sa mauvaise santé, il devient un ardent antimilitariste et sa révolte remet radicalement en cause toutes les valeurs de la génération des pères: «La jeunesse allemande s’est engagée volontairement, sincèrement convaincue qu’elle devait défendre son pays et son peuple. La jeunesse allemande a été honteusement trompée, elle a été victime d’hommes sans foi ni loi, elle a été assassinée sur les champs de bataille.» Sa propagande pacifiste lui vaut des poursuites. Spartakiste à la fin de 1918, il prend part à la révolution de Munich avec Kurt Eisner, puis est membre du gouvernement révolutionnaire bavarois. Condamné à mort après l’écrasement des soviets de Bavière, il voit sa peine commuée en cinq ans de forteresse. C’est alors qu’il commence à écrire, sans jamais séparer sa création littéraire de son engagement de militant pacifiste.                                                                                               Quatre drames expressionnistes forment l’essentiel de son œuvre, d’une véhémence toujours authentique, stylisant les personnages, faisant alterner les scènes irréelles et les épisodes réalistes. Après L’Évolution  (Die Wandlung , 1919), L’Homme-foule  (Der Masse-Mensch , monté par Piscator à Berlin en 1921) met en scène l’échec de l’idéal pacifiste devant la violence aveugle. En 1923, c’est Hinkemann, l’Allemand  (Der deutsche Hinkemann ): le héros est un blessé de guerre éclopé qu’on exhibe dans les foires où il égorge des souris et des rats pour amuser la foule. Enfin dans Hop-là, nous vivons  (Hoppla, wir leben , 1926), Toller fustige la société allemande de la république de Weimar, son chauvinisme, son absence de démocratie véritable. Le personnage principal de la pièce, Karl Thomas, ancien révolutionnaire condamné à mort, puis gracié, ne peut que regarder le monde avec dégoût. Il projette un attentat contre un ministre, mais un étudiant fasciste le devance. Thomas est néanmoins accusé du meurtre et choisit de se suicider.                                                        Conclusion prémonitoire? Chassé d’Allemagne par l’avènement de Hitler, Toller poursuit en exil son activité antifasciste, notamment en Espagne où il se dépense pour les enfants des réfugiés. Désespéré par l’abandon de la Tchécoslovaquie à Hitler et par le triomphe de Franco, il se pend à New York dans une chambre d’hôtel en mai 1939.      1999 Encyclopædia Universalis France S.A. Tous droits de propriété intellectuelle et industrielle réservés

[2] Goll en a lui-même tiré un texte pour le théâtre . Ce texte est introuvable.

La traduction française "La Vierge Rouge "est consultable à Saint-Dié:  Ms .548.(traduction de Gilberte MARCHEGAY,  inédite à ce jour.)

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Théâtre de Goll
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